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Margaux RUBI

Les sportifs sont-ils enclins au burn-out ?

Sport 5 min

La sortie du film "Born/McEnroe" évoque, au delà de l'aspect purement tennistique, un autre côté du sport de haut niveau encore trop tabou : le burn-out de nos sportifs.

Derrière ce duel entre le feu et la glace, le film montre la difficulté des sportifs à gérer la pression du très haut niveau.

Le film "Borg/McEnroe" montre le burnout de Bjorn Borg, et il n’est pas le seul sportif dans ce cas.

SPORT - Pour beaucoup, il s'agit du plus grand match de l'histoire du tennis. Wimbledon, 5 juillet 1980: le spectaculaire John McEnroe affronte l'insubmersible suédois Björn Borg en quête d'un cinquième sacre consécutif à Londres. Un affrontement grandiose resté dans l'histoire du tennis, mis en lumière par Janus Metz Pedersen, le réalisateur du film "Borg/McEnroe" qui sort en France ce mercredi 8 novembre.

Ce thriller tennistique -incarné à l'écran par Sverrir Gudnason et Shia LaBoeuf- raconte la rivalité entre une star montante du tennis et le meilleur joueur de l'époque. On y découvre un John McEnroe provocateur, génial, volcanique et admiratif d'un Björn Borg au sommet de son art. Le Suédois, surnommé "Ice Borg" en raison de son caractère imperturbable, mystérieux... presque mystique, apparaît comme l'exact opposé de son rival.

Le duel Borg-McEnroe est celui de la glace et du feu. Borg est droitier, McEnroe gaucher. Le premier est un métronome qui anéantit les intentions adverses, alors que le second est un attaquant flamboyant aimanté par le filet. Un duel entre "gentleman" et "rebelle" comme seul le tennis peut en produire, raconté avec passion et psychologie à travers un match d'anthologie.

Outre la dimension sportive de cette rivalité, le film met en lumière la difficulté pour un sportif de gérer la pression du haut niveau.

Le burn-out de Borg

Björn Borg apparaît en effet fatigué par les sollicitations permanentes dues à son statut de rockstar du tennis. Une situation délicate à gérer pour lui et son entourage, qui l'a d'ailleurs poussé à mettre un terme à sa carrière le 23 janvier 1983 à seulement 26 ans.

"Il était exaspéré par les sollicitations. Il a porté ce poids sans ne rien faire paraître pendant des années. Et puis il y a eu un trop plein", raconte Jean Couvercelle, fondateur de Tennis magazine et ami de Björn Borg au HuffPost. "Il était sollicité en permanence. Il aimait la vie, il aimait sortir, mais c'était rarissime: son comportement, son allure, son physique, son jeu, tout l'exposait au regard des autres et aux questions", explique-t-il.

Aligné en Coupe Davis dès ses 15 ans, Björn Borg est l'un des premiers tennisman à avoir commencé sa carrière aussi tôt. L'un des premiers également à consacrer toute sa vie et tous ses efforts à son sport. Une précocité, un travail acharné et un caractère plutôt introverti peuvent être les facteurs de cette lassitude et de ce burn-out, un phénomène assez méconnu dans le sport mais qui touche de plus en plus d'athlètes.

Un phénomène qui semble s'étendre

En mai 2017, un joueur de foot sur trois était au bord du burn-out, selon une étude du syndicat international des footballeurs. En dehors des pelouses, André Agassi, Yannick Noah, Novak Djokovic, Marion Bartoli, Laure Manaudou... tous ont connu des épisodes de dépression ou de burn-out plus ou moins longs au cours de leur carrière. "Ce phénomène a toujours existé, mais désormais, on met des mots dessus", estime la docteure en psychologie du sport Sophie Huguet au HuffPost.

Plusieurs facteurs semblent désormais étendre ce phénomène. Le Dr Vincent Gouttebarge, chef médical du syndicat des footballeurs explique que "600 facteurs spécifiques" pouvant entraîner des troubles psychologiques chez les sportifs ont ainsi été identifiés. Parmi eux "les blessures graves, des mauvaises conditions de travail, la pression du résultat, des médias, du public...  ", explique-t-il à So Foot.

"Les sportifs sont repérés de plus en plus tôt. Ils commencent les compétitions plus jeunes, et la pression des parents se fait, dans certains cas, de plus en plus forte", explique pour sa part Sophie Huguet qui pointe les disciplines de "souffrance" comme l'athlétisme, la natation ou la gymnastique en particulier. Des sports pratiqués dès l'enfance, qui peuvent avoir tendance à lasser, voire dégoûter les athlètes lorsqu'ils atteignent le haut niveau.

"On ne montre pas la faiblesse"

À cela s'ajoute la pression médiatique, les sollicitations du public et l'exigence de résultat. "Ces sportifs aiment jouer mais ils ne sont pas forcément enclins à être devant les médias", résume Sophie Huguet qui pointe également la pression des sponsors et l'exigence pour les meilleurs de rester au sommet.

Malgré cela, il existe une certaine omerta dans le monde du sport. "L'image d'un sportif qui fait un burn-out va à l'encontre de l'image de l'homme d'exploit et de performance qu'il véhicule en temps normal. Donc on ne montre pas les images de faiblesse", explique Sophie Huguet. Elle estime, par ailleurs, que si les sportifs se taisent c'est aussi parce que leur mal-être pourrait être incompris par des fans qui voient en eux des personnes privilégiées.

Cependant, malgré les univers masculins comme celui du football dans lesquels "on n'affiche pas forcément ses états d'âmes", "les sportifs parlent de plus en plus du fait qu'ils ne sont pas invincibles", estime Sophie Huguet. Teddy Riner confie par exemple, "travailler avec un psychologue pour gérer au mieux la pression", depuis son adolescence. Le genre de témoignage qui "font bouger les choses", selon elle.

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Margaux Rubi coach diplômée